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 My dear friend. [PV Saru]

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Akira Guilth
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Akira Guilth


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MessageSujet: My dear friend. [PV Saru]   My dear friend. [PV Saru] EmptyJeu 23 Juil - 2:55

- Oh, quelle magnifique devanture! Quel esthétisme! C'est... C'est tout simplement magnifique! Regarde ça!

- Mais chéri, ce sont des pompes funèbres!

- Ah...


Un fin sourire presque sarcastique se dessina sur les lèvres du démon qui passait par là. Certes cette devanture était fortement jolie, mais il était bien rare que les humains le remarquent sans ajouter par la suite et avec une certaine répugnance, que cet endroit était trop lugubre, oubliant alors que peu importait ce que proposait cette boutique, c'était son bâtiment qui faisait toute sa beauté. Ils étaient toujours comme ça, les hommes, à aller chercher le plus petit détail qui rendait une chose imparfaite. Et pour preuve, même Masao arrivait à trouver des défauts chez son démon, alors que celui-ci était censé être naturellement parfait, comme tous ses compatriotes à vrai dire.

Debout, planté droit, les mains dans les poches de sa veste noire qui descendait jusqu'à ses maigres cuisses, Akira observait à présent le magasin de Saru. Si Masao aurait été là, il lui aurait encore reproché de trop s'intéresser à celui-ci. Sans doute craignait-il dans ses mauvaises remarques que son démon se lie avec quelqu'un d'autre que lui. Et d'ailleurs, bien qu'Akira ne s'en doutait pas puisqu'il le niait inconsciemment, l'adolescent le soupçonnait même de s'intéresser au fossoyeur bien plus qu'en ami. Pourtant, il avait tort. Notre homme n'était pas du genre à facilement éprouver des sentiments pour qui que ce soit, ou tout du moins des sentiments amoureux. Il aurait vraiment fallu qu'il le côtoie assez longtemps pour ça. Mais qu'importe. Akira ne devait avoir de sentiments profonds pour personne. De toute manière, d'ici quelques années, qui sait, il devrait quitter de nouveau ce monde.

Il pleuvait sur Londres, comme presque toujours. Cette fois-ci, le démon n'avait pas pris le bon soin de prendre un parapluie. Si son jeune 'maître' aurait été avec lui, il l'aurait probablement fait afin de lui éviter de tremper la moindre parcelle de ses vêtements, ou même de son corps. Mais puisqu'il était seul, à quoi bon. Dans quelques instants il rentrerait dans un bâtiment, et alors il attendrait tranquillement de sécher. Après tout, c'était un démon, ses cheveux ne prendraient pas beaucoup de temps avant de redevenir secs, comme par enchantement! Et alors que ses yeux suivaient toujours le vieux couple d'anglais dont le mari s'était plus tôt extasié de la devanture des pompes funèbres, un chien se précipita sur Akira. Ah non! Surtout pas ça! Il détestait ces sales bestioles, en plus, ça pue quand c'est mouillé! L'animal commença à renifler ses pieds et ses chevilles, et avant même qu'il ne vienne le déranger ailleurs avec son museau humide et répugnant, Akira prenant soin que personne ne le remarque lui lança un coup de pieds des plus innocents, très peu violent d'ailleurs. Même s'il n'aimait pas les chiens, il n'allait tout de même pas les maltraiter. La bête redressa sa gueule pointue vers son visage avec de faux airs pitoyables. S'il croyait recevoir le pardon d'Akira aussi facilement pour le comportement déplacé qu'il venait d'avoir envers lui, il pouvait toujours rêver. Akira, sans aucune pitié, lui lança un regard des plus noirs et sévères, et le pauvre chien comme s'il comprit aussitôt qu'il ne faisait pas face à un être des plus sympathiques, se mit à couiner avant de faire demi-tour. Bon débarras...

Un soupire s'échappa d'entre les lèvres du démon. Heureusement que cet animal n'avait pas commencé par le renifler ailleurs qu'au niveau des chevilles. C'était dingue comme les chiens étaient dépourvus de civilité. C'est vrai, ils n'étaient pas humains, mais tout de même! Un chat ne se serait jamais permis, lui, d'aller renifler le derrière des passants! Il regarda un instant sur sa gauche pour vérifier que le chien était bel et bien parti et qu'il n'avait pas l'intention de revenir sur ses pas. Non, il était parti embêter le vieux couple d'anglais qui d'ailleurs se mit à rire avec gêne lorsque l'animal prit au dépourvu l'arrière-train de la femme avec son museau. C'était pathétique. S'il aurait été à la place de cette vieille dame, ce chien n'aurait sans aucun doute pas fait long feu. Les humains étaient parfois si niais eux aussi. Une chance que Masao n'était pas ainsi ou bien Akira serait certainement en pleine dépression aujourd'hui.

Retenant son attention sur lui-même, Akira baissa ses yeux sur ses pieds. Cette sale bête venait de saloper ses belles derbys et le bas de son pantalon. Merde. Sur du noir, en plus, la terre ça se remarquait plus que bien. S'il n'aurait pas été capable de se retenir d'ailleurs, il se serait mis à hurler de colère. Salir ses vêtements, c'était l'une des pires offenses qu'on pouvait lui faire! Non mais vraiment. Quel sale début de journée. Sans compter que depuis la veille, il n'avait pas cessé de creuser les quelques pistes qu'il avait trouvées à propos des assassins de la famille Joyama. Akira était fatigué. Non pas physiquement mais psychologiquement. S'il le pouvait, il arrêterait cette enquête le plus tôt possible. Mais ce n'était malheureusement pas de son dépens. C'était de celui de Masao, et tant que sa vengeance ne serait pas rassasiée, son démon allait continuer de trinquer malgré ses réticences. Parce que finalement, Akira était prêt à tout pour cet adolescent.

Ses yeux se levèrent doucement. Et là, s'afficha à ceux-ci, de tout leur éclat, les pompes funèbres. N'était-il pas planté devant cette boutique depuis tout à l'heure? Bien sûr que si. Allons, il n'allait pas s'en priver pour cette fois-là. Il ne dirait rien à Masao, et de cette façon, celui-ci ne lui en voudrait pas. Ou bien il finirait par le lui avouer et alors les foudres de l'adolescent s'abattraient cruellement sur lui. L'un ou l'autre ne lui importait pas du tout. Akira n'était pas du genre à beaucoup se soucier de quoi que ce soit. Il était bien trop insensible et indifférent à tellement de choses pour cela. Ainsi, c'était décidé, il allait pénétrer dans le bâtiment.

Quatre pas et il était au pied de la porte. Une main sur la poignée, la porte poussée, il était dans la boutique. La sonnette s'enclencha, aigüe. Akira eut par ailleurs un léger froncement de sourcils sur l'instant. Il n'aimait pas vraiment ce bruit, le trouvant désagréable. Il devrait, un de ces jours, conseiller à Saru de la changer. Le démon avança jusqu'au comptoir sur lequel il évita de s'appuyer afin de ne pas le salir avec ses vêtements trempés. Contrairement aux chiens, il avait tout de même un minimum de respect. Après quelques minutes, personne ne sembla venir. Peut-être que le fossoyeur était occupé, il n'avait donc pas entendu la sonnette de la porte. Après tout il avait mit une sonnette sur son comptoir, ce devait être pour éviter à ses clients de se retrouver totalement seuls lorsqu'ils se trouvaient dans la même situation qu'Akira. Cependant, le démon refusa d'enclencher cette maudite sonnette, non seulement parce qu'il détestait sa mélodie - si on pouvait ainsi appeler la chose -, mais aussi parce que prit de folie par les lieux, il s'était décidé à surprendre son ami. Une petite blague de temps en temps, ça ne fait pas de mal...

Akira se dirigea vers l'arrière boutique, après tout il ne craignait pas d'y apercevoir un cadavre ou deux. La mort il la connaissait assez lui aussi. On n'entendait pas même un seul pas du démon, plus silencieux qu'un chat encore. Évitant de se faire remarquer de l'arrière boutique où se trouvaient les 'clients' du fossoyeur, au cas où si celui-ci s'y trouverait de même, il prit les escaliers qui montaient jusqu'à l'appartement à l'étage. La lumière emplissait de plus en plus le bout de cet escalier, jusqu'à ce qu'il ait atteint la salle de séjour, la pièce la plus lumineuse de tout le bâtiment. Akira jeta un coup d'œil à travers les fenêtres qui s'y trouvaient, observant la pluie qui tombait lourdement sur les pavés de la rue au-dessous. Mais trêve de divertissement, il détourna brusquement son attention vers les rideaux noirs qui se trouvaient plus loin. Il n'avait jamais vraiment compris pourquoi Saru ne les tirait jamais. Peut-être craignait-il le soleil de ce côté-là? C’aurait été stupide, non? Assez curieux pour une fois, Akira s'était d'ailleurs dirigé vers ceux-ci afin de les tirer légèrement, juste de quoi lui permettre d'observer la ville par la fenêtre qui devait s'y trouver derrière. Mais alors qu'il posa ses doigts sur le tissu, l'effleurant tout juste, il entendit quelque chose derrière lui...
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Saru Koyama
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MessageSujet: Re: My dear friend. [PV Saru]   My dear friend. [PV Saru] EmptyJeu 23 Juil - 12:28

La pluie. Il avait l’impression qu’il pleuvait tout le temps dans ce pays. Il arrivait à Saru de se demander à quoi ressemblait le soleil parfois… Depuis combien de jours cette pluie mouillait-elle les rues de Londres ? Une semaine ? Deux, peut-être ? Saru s’était couché sur le buffet de sa cuisine, contemplant à travers les vitres le ciel gris. C’était le moment parfait pour déprimer. S’il arrivait à ouvrir la cuisinière qui se trouvait à un mètre de sa tête, peut-être réussirait-il à se mettre le feu et mourir ainsi immolé. Au moins, ça ferait un peu de lumière et de chaleur pour les voisins si son magasin brûlait en même temps que lui… Mais son plan fut jeté à l’eau quand il tendit le bras pour atteindre l’ouverture du gaz sans y parvenir. Il siffla d’exaspération puis se mit à rire. Apparemment, le destin refusait de le voir mourir. Ce ne serait pas la première fois…

Le fossoyeur se retourna et regarda son appartement. Il grogna quelque peu : pourquoi les buffets en marbre étaient-ils aussi inconfortables ? C’était certainement pour empêcher quelqu’un de dormir dessus ! Ravi d’avoir trouvé une réponse —comme d’habitude d’une logique absolue-, Saru soupira de bien-être. La pièce était doucement et discrètement réchauffée par son feu de cheminée. L’homme couturé sentait jusqu’ici sa chaleur diffuse le caressant, le léchant gentiment tout en faisant frissonner de plaisir son corps un peu raidi. À quelques mètres de Saru trônait Sasa, la tête rentrée dans son plumage, dormant du sommeil réparateur des justes… Le fossoyeur avait oublié la sensation d’engourdissement que provoquaient les rêves, la terreur qui vous réveille au milieu de votre cauchemar… Quand était-ce la dernière fois qu’il avait fermé les yeux pour dormir et non juste pour somnoler ? Longtemps. Bien trop longtemps…

Finalement il se leva, faisant craquer les articulations de son dos en se redressant. Il s’étira, grognant légèrement quand ses coutures tendirent également le faisant quelque peu souffrir. Il se prit en train de regarder sa main rafistolée. Depuis ce jour-là, il avait perdu toute sensation dans ses doigts et ses orteils. Saru l’avait découvert alors qu’une femme terrifiée poussait un cri en voyant ses mains dégoulinantes de sang : il avait coupé une partie de son majeur en faisant la cuisine… Stupides humains. Il avait par la suite discuté avec un alpiniste qui vivait le même phénomène. Ils en avaient finalement ri (enfin surtout Saru évidemment), imaginant des situations de plus en plus imaginables dans lesquelles leurs mains et leurs pieds étaient torturés jusqu’à plus soif. Comble de l’histoire : cet homme avait fini par mourir de rire… enfin, d’une crise cardiaque. Saru avait eu le plaisir de le considérer comme son premier client dans ses Pompes Funèbres…

Le patchwork vivant se traîna jusqu’à la salle de bains. Il se regarda dans la glace, histoire de voir les dégâts de sa sieste ratée sur le marbre. À l’inverse du temps, ses cheveux aujourd’hui avaient une prédominance blonde cendrée, même si quelques mèches étaient encore aussi noires que Satsune. Pas de changement de cicatrices : ses coutures étaient toujours à la même place et ils en avaient toujours autant… S’il en croyait le schéma accroché à côté du miroir. Il y a quelques temps, Saru avait décidé de faire un relevé de tous les fils qui parcouraient son corps. Une espèce de rappel constant de son état non-humain, même si une telle chose ne s’oublie pas facilement… Il surfaça du doigt le dessin de la cicatrice qui traversait son torse. Saru était à peu près sûr que son cœur avait dû être recousu à cet endroit. C’est pour ça qu’il avait une profonde aversion pour les médecins : de un il n’aimait pas du tout la condescendance avec laquelle ils parlaient et de deux il y en avait déjà plusieurs qui lui avaient proposé de devenir un sujet d’étude. Non merci ! Les piqûres, très peu pour lui !

Après avoir pris une douce salvatrice et enfilé un costume –qui malgré son récent achat avait déjà l’aspect froissé que seul Saru arrivait à leur donner-, Saru descendit de sa tour dorée pour aller s’occuper de ses clients. Un sourire flottait déjà sur ses lèvres. Lorsqu’il entra dans son arrière-boutique, il souhaita le bonjour à ses amis les morts. Mmmh… Cette délicate odeur de légère pourriture… Il n’y avait rien de mieux pour le motiver ! Retroussant ses manches, il ouvrit le rideau qui cachait un bain de formol et sortit avec délicatesse le corps d’un vieux monsieur. Il l’étendit sur sa table de travail et referma le rideau en glissant « bonne sieste » à la personne qui restait se baigner. Il se frotta le front, essuyant les petites gouttes de sueur provoqués par l’effort de tout à l’heure. Saru enfila une blouse stérile et des gants en caoutchouc pour respecter les réglementations d’hygiène, puis se pencha au-dessus du défunt pour commencer le vrai travail.

Les gens sous-estiment trop souvent le travail des Pompes Funèbres. Ce que Saru accomplissait dans les ténèbres de sa boutique facilitait considérablement l’acceptation du deuil et ré-humanisaient les cadavres passant entre ses mains. Il était capable de fabriquer une nouvelle jambe ou de mouler le visage pour donner aux morts un aspect beaucoup plus serein dans leur nouvelle vie. À la différence que Saru aimait dessiner un petit trait espiègle, joyeux sur leurs visages, ce qui avait fait sa réputation dans le milieu. Contrairement aux normes, ses cadavres n’avaient pas l’air constipés ou impassibles, non, ils avaient vraiment l’air d’apprécier ce qu’ils voyaient de l’au-delà… Saru fit une petite incision pour parvenir à l’artère fémorale et injecta par cette voie un premier produit aseptique et antiseptique, dans le but de freiner la décomposition du corps. Qu’il aimait cette odeur de désinfectant parvenant à ses narines… L’odeur du formol… Saru draina les gaz encore présents dans le corps et commença à suturer avec soins les blessures à la base du cou du vieux monsieur : si c’est pas terrible de mourir parce que les épées accrochées au-dessus de son lit étaient finalement tombées…

Alors qu’il terminait de boucher les… orifices naturels au méchage, Saru entendit la sonnette de son magasin retentir. Il sourit en imaginant le visiteur grimacer à ce bruit. Il ricana tout seul, expliquant à voix basse à son nouvel ami la cause de son hilarité. Si son client vivant était vraiment déterminé à demander ses services, il prendrait le risque d’appuyer sur la sonnette du comptoir. Saru ne fit plus vraiment attention, rangeant les outils utilisés pour l’injection des différents produits. Puis, il tendit de nouveau l’oreille. Étrange… Peut-être le pauvre hère s’était-il enfui en bouchant ses oreilles en entendant le tintement aigu de l’entrée… Pff… petite nature. Néanmoins le sourire sadique étiré sur les lèvres du fossoyeur témoignait du véritable plaisir que cette pensée lui procurait. Il ignorait qu’au même moment, Akira passait devant la porte dans le couloir et gravissait les marches pour aller jusqu’au salon du fossoyeur.

Il devait attendre une heure avant de faire le maquillage et habiller le vieux monsieur, le temps que les produits contenus dans le corps atteignent leur effet maximum. Soudain, une vision apparut devant ses yeux, imposée dans son esprit par un vieil ami à plumes. Un homme grand et maigre, regardant vers la fenêtre de la cuisine, puis se tournant vers les rideaux fermés… Le cœur de Saru rata un battement. D’abord surpris d’en avoir encore un –ben oui, certains de ses actes l’en faisaient parfois douteur…-, Saru sortit de la chambre mortuaire et grimpa silencieusement les escaliers. Saru avait appris de nombreuses techniques de Tsumae, son démon, dont les pas de loup, aussi rapides que sans bruits, permettant d’approcher sa victime sans se faire entendre jusqu’au dernier moment… Il arriva dans sa salle de séjour et vit alors son adorable invité inopportun. Se mouvant avec sa grâce habituelle, il sauta soudainement sur Akira, l’enserrant par la taille dans un geste de pure affection. Et par la même occasion, détournant son attention des rideaux.


« Kira-Kiraaaaa ! »

Lâcha notre fossoyeur de l’année d’une voix alanguie. Le démon n’avait pas pu l’entendre arriver avant le moment fatidique. Cependant, Saru était certain que s’il l’avait voulu, Akira aurait pu éviter sa poigne et laisser Saru refermer ses bras sur le vide. À cette pensée, l’homme eut un petit rire incontrôlée. Il n’avait pu s’empêcher d’appeler le démon par ce surnom assez stupide, mais qui le faisait éclater de rire intérieurement dès qu’il le prononçait. C’était une de ses petites réjouissances quotidiennes… Il lâcha Akira dès qu’il l’avait attiré assez loin de la baie vitrée. Il remarqua qu’il s’était mouillé en se frottant au démon qui n’avait pas enlevé sa veste trempée par la pluie. Il rigola de nouveau en demandant :

« C’est une nouvelle mode de torture lente ? D’abord faire attraper un rhume à vos victimes puis les regarder souffrir de la fièvre ? »

Il n’avait jamais tutoyé Akira, sûrement trop respectueux pour ça… Ou peut-être pas. On ne savait jamais avec Saru. Il invita Akira à se débarrasser de sa veste et à s’installer sur le fauteuil en face de la cheminée d’un geste de la main. Il eut un nouveau rire en voyant qu’à côté d’Akira, il faisait sa taille réelle, malgré tous ses artifices de se tenir droit et de regarder le démon droit dans les yeux. Il y avait certaines choses qu’on ne pouvait pas compenser… Puis Saru regarda Cadeau, sentant qu’il y avait quelque chose de différent chez lui. Qu’avait-il vu quelques jours auparavant encore ? Hum… Il avait du mal à s’en rappeler. Néanmoins il n’hésita pas un seul instant quand l’idée de titiller son ami lui vint à l’esprit.

« C’est rare de vous voir sans Masao et autant de voir Masao sans vous… Pourtant, c’est la deuxième fois de la semaine que cela se produit… Dispute de couple ? À moins que vous n’ayez trouvé une réponse à l’une de ses questions… Ah ! les jeunes ! Toujours aussi impatient d’en finir alors qu’ils ont toute la vie devant eux… Enfin, tous n’ont plus cette chance. »

Parfois, il arrivait à sa conscience de lui dire qu’il allait trop loin. Mais sa voix était si basse, quasi murmurée, que Saru ne l’entendait jamais. Il n’avait pas fait attention, faisant des allusions sur la véritable relation entre Akira et Masao. Après tout, Masao n’était-il pas à l’article de la mort à tout moment ? Il suffisait juste de trouver quelques noms, d’aller visiter ses personnes et de les faire souffrir jusqu’à la totale satisfaction du jeune homme. La vie de l’adolescent ne tenait à presque rien... Évidemment, Saru était au courant de plus de choses qu’il ne voulait le dire, mais allez savoir à quoi il pensait quand il regardait ces deux hommes unis par un pacte dont il avait lui-même fait l’expérience il y a de cela des années…

« Voulez-vous boire quelque chose ? »

Quel excellent moyen de détourner la conversation sans en avoir l’air…
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Akira Guilth
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MessageSujet: Re: My dear friend. [PV Saru]   My dear friend. [PV Saru] EmptyDim 26 Juil - 14:13

Si seulement Akira savait à quel point ce qui se trouvait derrière la baie vitrée qu’il comptait découvrir était un faible chez Saru. Ce qu’il ignorait donc, c’était que cette baie - bien qu’il croyait que c’était une fenêtre à la place - cachait un secret du fossoyeur jusque-là parfaitement préservé et qui, par ailleurs, le restera sans doute encore un bon moment… En effet, le pauvre démon avait à peine eu le temps de dévoiler ce qui lui avait toujours été interdit de voir. Le rideau n’avait que légèrement ondulé, ses doigts qui l’effleuraient le bousculant lorsque Saru s’empara de notre homme. Et bien qu’Akira était toujours des plus rapides, ce qui n’était pas étonnant pour un démon, il ne pu vraiment cerner ce qui se trouvait derrière ces grands bouts de tissu, brusquement tiré en arrière par son hôte comme si celui-ci tentait de l’empêcher d’agir. Mais qu’est-ce qui lui prenait de s’emparer ainsi du démon? C’était étrange de sa part, d’ordinaire le fossoyeur n’était pas un grand cachottier, ni même ne se montrait aussi proche de lui. Ce devait être un sacré secret…

« Kira-Kira. » Quel sympathique surnom! Même Masao ne lui en donnait pas. Celui-ci le fit sourire un peu. Saru était certainement le plus doué pour faire étirer les lèvres de notre pauvre démon. À force de faire la gueule, il allait finir par trop vite rider. À l’âge qu’il devait avoir, ce serait tout de même dommage, lui qui avait su se conserver parfaitement jusque-là. Le fossoyeur eut un petit rire. Il avait souvent cette manière étrange de se mettre à rire sans que vous sachiez pourquoi, et d’une façon parfois presque effrayante. Après cela, il lâcha définitivement son invité et lui posa l’une de ses questions plutôt ironiques. Akira en profita pour se saisir des bords de sa veste et les secouer un peu, histoire de lisser le tissu qui venait d’être froissé par son ami. En vain.


Et c’est une nouvelle torture de sauter vicieusement sur ses invités et de les serrer par la taille jusqu’à l’étouffement?

Akira qui était de dos face à Saru se retourna enfin, un faible sourire aux lèvres. C’était un sourire, tout du moins. C’est vrai que sur ce coup-là, le fossoyeur avait été fort. Bien que notre démon l’avait entendu arriver au dernier moment, ce qui ne l’aurait pas empêché de l’éviter, il avait été trop tenté de tirer les rideaux pour ne pas laisser gagner Saru. Son hôte l’invitant à retirer sa veste trempée, Akira en fit ainsi, la retirant dans un geste lent comme il le faisait souvent avant de la tendre au fossoyeur, dévoilant une chemise blanche sous un veston noir, puis il alla s’installer dans le fauteuil qui était face à la cheminée éteinte. Il aurait préféré qu’elle soit allumée, histoire de sécher un peu plus vite encore. Ce n’était pas qu’il avait froid avec ses vêtements trempés, mais ce n’était pas non plus confortable. Et alors qu’il s’était apprêté à proposer d’allumer un feu, Saru le coupa net dans son élan avec l’une de ses questions déplacées, comme ils avait parfaitement les formuler.

Amusé par les paroles, bien que gênantes, du fossoyeur, Akira étira d’autant plus son sourire. Cherchait-il par ses phrases à le titiller? Inutile de se fatiguer à cela, ce n’était pas possible. Même Masao qui maltraitait parfois son démon n’arrivait pas à le pousser à bout ou à le mettre mal à l’aise, alors quelques foutues questions ne le blesseraient pas plus que ça. Néanmoins, puisque le fossoyeur tentait de le provoquer, alors il serait provoqué lui aussi. Chaque jeu que cet homme lançait entre eux, Akira le prenait avec plaisir. Comme les blagues…

« Voulez-vous boire quelque chose? » Changement brutal de sujet. Notre démon tenta en vain de s’installer plus confortablement dans son fauteuil, commençant par se placer au fond de celui-ci en appuyant son dos au dossier. Mais ses vêtements trempés et sa chemise qui collait à sa peau et à son veston lui firent tirer une brève grimace de désagrément, et après quelques tentatives décevantes, Akira finit par s’installer assis sur le bord du coussin du fauteuil, ses bras sur les accoudoirs et le dos droit. Esquissant de nouveau un petit sourire, il ajouta tout à fait calmement :


Un thé à la menthe, oui.

Akira dormait très peu. Il n’était que trop rarement fatigué, mais ce n’était pas à cause thé. On prétendait que ce genre de boisson permettait de rester éveillé, mais sur lui, ça n’avait aucun effet. Il ne devenait ni insomniaque - quoique -, ni complètement excité s’il en consommait trop. Après tout, n’était-il pas un démon?

Akira observa de nouveau par la fenêtre la pluie qui tombait. Elle s’était amplifiée depuis qu’il était entré chez Saru. Il avait eu de la veine, dirait-on, d’avoir manqué ce semblant de tempête au-dehors. Quel foutu temps. Même au Japon il faisait meilleur. Il se mit à penser au vieux couple et au chien. À l’heure qu’il était, ils devaient être mignons à observer. Il imaginait déjà le terrible moment où le chien se secouerait pour se sécher et qu’il arroserait par la même occasion les deux touristes. Heureusement que Masao n’en avait jamais eu, ou bien il aurait déjà demandé congé depuis longtemps! Un chat, encore, s’il le souhaitait, il ne serait pas contre, au contraire, Akira en désirait un même. Et alors que ses esprits s’égaraient sur des sujets hors des évènements présents, le démon, sans détacher son attention de la fenêtre, s’adressa au fossoyeur.


Les chiens sont dégoûtants. L’un d’eux est venu me renifler tout à l’heure dans la rue. C’est insupportable. Ces bêtes n’ont aucun respect envers les hommes, ni même envers les démons!

Comme si sa phrase avait été une blague, il observa son hôte avec un sourire, laissant échappant un faible rire au même instant. Pourtant, il n’y avait rien eu de comique dans ses paroles, ni même de quoi en être amusé. Et changeant brutalement de sujet, comme Saru l’avait fait plus tôt, ou comme un écho à ce qu’il avait fait justement, une façon de le titiller à son tour, il ajouta aussitôt :

Est-ce que ça t’embêtes si j’allume un feu?

Akira ne venait pas de tutoyer Saru, ni même de le vouvoyer. Il venait de s’adresser à lui en anglais, une langue où cette forme de politesse n’existait pas puisque l’un ou l’autre se disait tout simplement « you ». C’était une chose assez bien dans un certain sens. Une bonne façon d’esquiver ces politesses dont Akira était un peu lasse. Après tout pourquoi vouvoyer Saru puisqu’il osait le considérer comme un ami à présent? Ainsi, chaque fois qu’il se devait de lui dire « tu » ou « vous », le démon s’exprimait en anglais, histoire de ne pas être dérangé par cela puisque le fossoyeur quant à lui le vouvoyait encore. En japonais, il existe tellement de politesses après tout.

Et alors qu’Akira venait de s’adresser à Saru, il se mit à le contempler. Non pas par extase ou quoi que ce soit d’autre du même genre, mais par simple curiosité. C’était étrange, toutes ces coutures sur sa peau. D’où venaient-elles, il n’en savait rien. Il avait beau être un démon, il ne pouvait pour autant pas connaître le passé des autres, ni même le deviner. De même, le fossoyeur était le premier homme de ce genre qu’il rencontrait. Ce genre de type dont on ignore vraiment ce qu’il est. Il était humain, certainement, mais pas tout à fait non plus. Il dégageait une espèce d’aura qui en disait plus long sur lui, mais quelque chose qui était insaisissable. Étrange, même. Ce devait effrayer les pauvres êtres humains qui, comme souvent, fuient ce qu’ils ignorent par simple crainte, trop lâches possiblement. Akira, ça le laissait indifférent. Il avait vu bien pire. De plus, que cela changeait-il véritablement en la personne qu’était Saru? Ça ne l’empêchait pas de faire de faire de bonnes blagues, ni même de se montrer agréable bien que bizarre. Le démon n’avait jamais osé poser une quelconque question sur ce sujet au fossoyeur, par respect. Il jugeait que ça ne le concernait pas, et point. Si Saru désirerait en parler un jour, il ne l’en priverait pas, mais tant que celui-ci n’avait rien à dire à propos de tous ses mystères, alors il n’aurait qu’à se taire.

Akira continuait de sourire, mais son sourire qui avait eu dernièrement une pointe de sarcasme avait semblé brusquement plus ‘amical’, ou plus ‘simple’. Pourtant, intérieurement, le démon se sentait toujours comme amusé. Il n’avait encore rien répondu à Saru vis-à-vis de ce qu’il avait pu sous-entendre sur sa relation avec Masao. Il lui en dirait certainement plus tard, mais pas maintenant. Si celui-ci attendait une réponse, il devra patienter.
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MessageSujet: Re: My dear friend. [PV Saru]   My dear friend. [PV Saru] EmptyVen 31 Juil - 12:41

Mais que voyait-il là ? Un sourire ?! Saru sentit le sien s’agrandir. Mais oui ! Akira souriait vraiment. Ah ! S’il n’était pas aussi heureux, il verserait une petite larme, histoire de dire qu’il était ému… Foutaises ! Il ne montrait pas ses larmes ; quiconque les avait vues était mort, ou alors trop loin pour en témoigner… Et quand je dis mort, ses clients font également partis du lot… En effet, les seules personnes à qui se confiait le fossoyeur étaient ses amis les morts, dont Saru était sûr qu’ils emportaient ses secrets dans la tombe. « Les amis sont ceux qui savent le mieux comment te blesser » était devenu le credo de toute sa vie. C’était pourquoi Akira était un de ses seuls véritables amis. Il l’appréciait parce qu’il n’était pas curieux, ou en tout cas assez poli pour ne pas le montrer. Une qualité devenue rare de nos jours… Bien sûr, il y avait également Jun, mais sa Fleur n’était plus venue lui rendre visite depuis un moment.

Ouille ! Il touchait juste. Le fossoyeur sourit d’un air amusé au démon. Mmh… Peut-être aurait-il pu tenter d’étouffer le démon, mais il doutait que son ami puisse ainsi mourir. La force de Saru était certes supérieure à la moyenne, mais de là à suffire pour en finir avec Akira… Il n’était pas orgueilleux à ce point-là ! Quoique… Il ricana au mot vicieusement. Oui… Ce mot lui convenait tout à fait. Il aimait le répéter dans sa tête, trouvant sa sonorité caressante et particulièrement jouissive à écouter. On aurait dit un serpent glissant sur le seul. Oui, tel le serpent qui tenta Eve selon la légende, il représentait le péché. Saru était une des souillures qui peuplait ce monde, à l’égal, voire supérieur aux démons. Vicieusement… Un mot intéressant.

Akira lui tendit sa veste à son invitation, et le couturé s’en empara avec un plaisir évident. Il aimait les costumes de Kira-Kira. Leur douceur n’avait nulle pareille, comme si seuls les démons savaient choisir les meilleurs tissus. Mais même s’il avait rencontré beaucoup d’autres des congénères de son ami, il n’y avait que les vêtements de celui-ci qui avait ce petit quelque chose en plus qui vous obligeait à dire que c’était –non de la bonne qualité- de l’excellente qualité. C’était aussi différent que si on vous donnait un homard d’eau douce et un homard d’eau de mer, vous me suivez ? Comme d’habitude, les exemples de Saru était d’une clarté et d’une compréhension évidente… Bref, il alla accrocher la veste sur un cintre et la lissa parfaitement, les plis gênants disparaissant d’un geste. Un soupir de pure satisfaction dépassa ses lèvres. Voilà une chose de bien faite… pur une fois.

Saru ne faisait pas attention à ce qu’il disait pour plusieurs raisons. L’une d’elles, évidemment, avait déjà été citée : l’absence totale d’écoute de sa pauvre conscience si rarement sollicitée… Mais ce n’était pas la seule, loin de là ! D’abord, Saru recherchait une réaction, cherchait à toucher le point sensible d’Akira. Il imaginait avec une envie un peu rêveuse le prix d’une telle information. Bien que ce ne soit pas ça qui l’intéresse. En fait, Saru n’espionnait pas (uniquement) pour satisfaire des besoins de voyeurisme. Il avait à l’intérieur des restes déchirés de son âme un vide, un énorme trou béant qui le faisait souffrir atrocement sans qu’il ne fasse rien. Il avait réussi à un peu combler ce vide en s’associant avec Satsune qui était devenu son plus fidèle compagnon, mais il restait toujours encore un grand espace… Alors il avait exploité le don de son corbeau et il commença à espionner. Et il se rendit alors compte qu’en regardant le quotidien des gens, il se sentait mieux. Le vide était toujours là, mais un peu de pommade s’était étalé dessus, couvrant l’ouverture béante. Il n’était pas guéri, mais soulagé. Cela lui suffisait.

C’est pourquoi toutes les choses qu’il apprend par le biais des corbeaux ne sont pas seulement des infos comme les autres. C’est un trésor qu’il chérit. Il ne fallait pas prendre tout cela à la légère ! Voici la véritable raison pour laquelle il ne lâchait que de rares bribes de solutions et d’informations à ceux qui s’adressaient à lui dans ce but (et aussi parce que c’est son petit trip à lui de les voir souffrir le martyre en ne comprenant pas le peu qu’il leur dit). Alors imaginez le bien que pourrait lui procurer l’information de la seule chose qui ferait froncer les sourcils d’Akira ! C’est l’Eden ! Prendre son pied pour une petite centaine d’années, voire même plus ! Mais il n’obtint rien. Rien à part l’amusement accru de son ami. Pas de problème ! Le jeu ne faisait que commencer…

Saru avait ouvert les « hostilités », puis avait conclu en lui offrant courtoisement à boire. Alors petit démon ? Que vas-tu nous répondre ? Il observa avec un petit sourcil sarcastiquement levé en voyant Akira se tortiller. Il lui fallut quelques secondes avant de comprendre que la chemise toute mouillée collant contre la peau n’était pas la sensation des plus agréables… Il finit cependant par trouver une position entre-deux à peu près confortable. Le fossoyeur ne dissimula pas son regard railleur tout en éprouvant un semblant de… non ! est-ce possible ? Mais oui ! C’était bien un peu de compassion qu’il ressentait ! Décidément, Saru n’était pas le même avec le démon. Mais à vrai dire, qui pouvait prévoir comment le fossoyeur allait se comporter ?

Akira conserva, comme d’habitude, son calme. Quel défi il représentait ! Quel homme (enfin… façon de parler). Saru lui sourit gentiment et se dirigea vers la cuisine pour faire chauffer l’eau pour le thé. Tout comme son ami il observait la pluie et un sourire hilare dépassait ses pensées de pauvres gens complètement mouillés par la pluie avec leurs vêtements tout collants. Un nouveau petit coup d’œil au démon suffit à lui arracher un nouveau rire. Mh… Heureusement qu’il n’était plus dehors Kira-Kira, sinon il ne serait pas simplement mouillé. Avec la chance légendaire des démons, il aurait pu être foudroyé sur place. Quoique je ne suis pas sûr que cela lui fasse quelque chose… Le vent souffla en début de tempête sur la maison, mais pas un seul bruit ne troubla la maison de Saru. Il devrait penser à remercier le rénovateur… Même si celui-ci n’avait certainement aucune envie de le revoir.

Akira lui adressa la parole, sans pour autant arrêter de regarder la pluie. Les chiens… Saru ne les aimait pas non plus, mais pas pour les mêmes raisons que le démon. Il avait déjà vu des gens se balader dans le cimetière avec des chiens –les londoniens étaient vraiment des bêtes étranges…-, et leurs sales cabots laissaient toujours… un petit souvenir odorant de leur personne. Ou encore grattait les tombes qui n’étaient pas recouvertes d’un marbre ou pissait dessus. Non, franchement, les pires profanateurs, c’étaient bien les chiens. Et encore, Saru évitait de penser aux chiens errants… Il s’apprêta à demander la raison du rire d’Akira (avec de la subtilité évidemment, n’ayant pas envie d’admettre qu’il n’avait pas tout compris de la blague), quand celui-ci utilisa le propre stratagème de Saru contre lui.

Un feu ? Mais oui, un feu ! Le pauvre voulait sûrement sécher ses vêtements. Muhahahaha ! Akira l’avait eu sur ce coup-là, mais ce ne serait pas aussi facile qu’il le croyait. Certes, il l’avait empêché de laisser libre cours à sa curiosité, mais Saru le laisserait-il s’en tirer d’une pirouette ? Non bien sûr… Vous connaissez tous le fossoyeur, n’est-ce pas ? Celui-ci ne se rendit même pas compte qu’il lui parlait en anglais. Chez Akira, on avait l’impression que quelle que soit la langue qu’il parle on pouvait le comprendre. C’était une sensation étrange. Saru, lui, avait la fâcheuse tendance à parler en japonais, puis à utiliser des mots anglais dans ses phrases, sans raison apparente. Évidemment avec les clients, il avait un anglais irréprochable, mais une fois qu’il parlait sa langue maternelle, c’était comme si il y avait quelque chose de douloureux à l’utiliser. Mais même le principal concerné ne savait pas mettre le doigt dessus.

Il sentit le regard curieux du démon sur son visage. Saru, dans un souci de politesse, fit mine de surveiller l’eau qui commençait à doucement se réchauffer. Akira n’avait jamais cherché à connaître son secret et il l’en remerciait. C’était ce qui avait fait de lui son ami : cette discrétion, ce respect silencieux, cet absence de dégoût devant lui… La plupart des gens, humains, démons, faucheuses, anges et chiens démoniaques confondus n’aimait pas être en sa compagnie. Un des clébards avait une fois avoué qu’il « puait ». Qu’il émanait de lui une odeur franchement désagréable pour ceux qui pouvaient la sentir. Pour les autres, ce devait être une question d’aura. En tout cas, cela n’avait jamais semblé déranger Akira. Akira, dont le sourire sarcastique se muait à présent en un sourire beaucoup plus doux…


« Si je te réponds non, qu’est-ce que tu fais ? »

Saru laissa tranquillement sa frustration prendre le dessus en formulant sa phrase, quelque peu hilare. Il n’oubliait pas son but de la journée : sortir Akira de ses gonds. Un défi de taille, mais qui l’amuserait suffisamment pour oublier sa douleur un peu plus d’une semaine… Sa phrase ne demandait pas de réponse, elle avait uniquement pour but de retarder la permission de pouvoir allumer l’âtre de la cheminée. L’eau du thé à la température parfaite, il finit de le préparer en un temps record, l’infusant avec la menthe provenant de son jardin-secret-de-derrière-la-baie-vitrée-qu’-Akira-avait-failli-découvrir. Lorsqu’il apporta le service à thé et la bouilloire, il jeta un coup d’œil à Akira. Pris d’un brusque élan de gentillesse, il fit mine de lever les yeux au ciel et finit par dire :


« Évidemment si tu ne veux pas mourir de froid pour me faire plaisir, tu peux allumer un feu »

Le fossoyeur avait toujours cette façon si particulière de dire le mot « mourir ». Comme si ce mot ne prenait son sens que dans sa bouche. Néanmoins le ton avait été assez amical et amusé pour qu’Akira comprenne qu’il avait été de nouveau la victime du pauvre Saru et de ses blagues… (pas) toujours drôles. Il servit le thé et s’assit dans le fauteuil à côté de Kira-Kira. Sirotant tranquillement le thé à la menthe, il sentait qu’il ne pourrait pas bien longtemps feindre la patience, car à l’intérieur de lui, un petit démon (sens figuré ou sens propre ? Qui sait…) trépignait d’avoir les réponses à ses questions. Sa curiosité reprit le dessus et il tenta alors une nouvelle approche.

« Ou alors… Vous venez pour obtenir des informations... »

L'atmosphère changea soudainement. Elle s'alourdit, mais cela ne dérangea pas saru. car cette nouvelle atmosphère respirait le mystère... transpirait la fragance d'un doux secret... Le fossoyeur déposa sa tasse de thé à la menthe (acheté dans un véritable magasin anglais certifié !) sur la petite table et regarda son ami avec ce regard si sombre qui semblait attirer une aura tout aussi ténébreuse. Akira venait-il réellement poser des questions à son ami ? Le silence dura juste quelques instants jusqu'à ce que Saru sourit d'un air effronté et ajoutât de son habituel ton impertinent :


« Puisque tu es si convaincant... j'avoue tout...» fit-il avec le plus grand sérieux. La tension était palpable pour on ne savait quelle raison. Le suspense dura une seconde jusqu'à ce que Saru continue par un suprenant : « Mon gâteau préféré est le "Forêt noire" ! »

Sa révélation fut suivie d'un grand éclat de rire. Il avait presque fini par se convaincre lui-même qu'il allait déballer une information ! Certes, Akira était un ami, voire même le seul, mais le fossoyeur n'était pas assez généreux pour aider quelqu'un sans recevoir récompense en retour... Que cette récompense soit en nature ou... plus subtile. Il reprit sa tasse de thé et manqua de s'étouffer en buvant une gorgée, encore à moitié hilare. Saru s'obligea au calme, mais ne put empêcher de rire -ou plutôt de ricaner- une nouvelle fois en s'imaginant qu'il avait failli mourir de rire...

Non vraiment... En discutant avec le fossoyeur il fallait s'attendre à des surprises, même si elles n'étaient pas toujours de très bon goût.


Dernière édition par Saru Koyama le Ven 6 Nov - 0:28, édité 1 fois
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Akira Guilth
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MessageSujet: Re: My dear friend. [PV Saru]   My dear friend. [PV Saru] EmptyMer 4 Nov - 4:51

Akira n’avait pas regardé Saru tandis qu’il s’était adressé à lui pour lui parler des chiens. Cependant, et cela même sans se tourner vers lui, il avait cerné par le bruit de ses pas que celui-ci s’était dirigé dans la cuisine, ne lui répondant pas par la même occasion. La blague du démon ne l’avait-elle pas du tout amusé, ou bien ne l’avait-il pas comprise? Il faut dire que ça avait été à se demander si la remarque qu’Akira avait fait sur ces bêtes à poils avait vraiment été une plaisanterie ou non. S’il n’avait pas ris, il aurait donné l’impression de dire quelque chose de tout à fait banal et même tout à fait inintéressant. En réalité, ça avait été ça, mais peut-être que son rire avait servi à cacher le fait que ce qu’il avait pu dire était complètement barbant et sans intérêt. C’est vrai, Akira détestait avoir l’impression de dire des choses qui ne servaient à rien et dont tout le monde se foutait éperdument, et généralement, lorsque cela arrivait, il cherchait à voiler son mal à l’aise grâce à ce faible rire. En tout cas avec Saru, parce qu’il était plus que rare que notre démon rit en présence d’autres personnes que cet homme. Disons qu’il était aussi rare qu’il parle avec les gens, tandis qu’il était moins silencieux quant il s’agissait du fossoyeur.

Du salon, il était possible de voir les personnes – ou plutôt le fossoyeur puisque jamais personne ne devait y pénétrer en-dehors de lui – qui se trouvaient dans la cuisine. Certes on les discernait sans véritable précision, mais tout du moins on les voyait. Akira qui se tenait complètement droit sur son fauteuil face à la cheminée avait ainsi pu observer Saru de là où il était. Et tandis qu’il l’avait contemplé lui et ses cicatrices, le démon avait pu remarquer la gêne du fossoyeur bien que celui-ci s’était efforcé à la cacher avec une grande adresse, faisant semblant de surveiller l’eau qui bouillait. N’importe quel humain n’aurait probablement pas cerné que l’observer l’avait mis mal à l’aise, mais forcément, Akira en tant que démon n’avait pas été dupe. Et alors que son sourire avait commencé à afficher moins de sarcasme, il avait cessé de contempler ainsi son hôte et celui-ci, au même instant, lui répondit.

« Si je te réponds non, qu’est-ce que tu fais? ». Saru, refuser quelque chose à Akira? Certes il avait pu refuser que celui-ci tire le rideau qui donnait sur sa baie et son petit jardin secret, mais en-dehors de cela, il était rare que celui-ci lui dise « non ». À croire que le charme du démon n’avait pas uniquement d’effet sur les êtres humains, puisqu’on ne pouvait pas vraiment considérer que le fossoyeur en était un. Le sourire de notre homme s’étira sur sa droite. Il ne répondit rien sur l’instant, ou en tout cas pas aussitôt. Non pas qu’il n’avait rien trouvé à lui répondre, mais parce qu’il avait attendu de la part de Saru une quelconque réaction en ne lui renvoyant pas directement la balle, c’est-à-dire en ne lui répondant pas directement et en le laissant mijoter un peu. Il savait que le fossoyeur n’aimait pas forcément attendre, même s’il ne doutait absolument pas de sa patience. Akira attendit – patiemment justement – que Saru termine de préparer le thé, tendant l’oreille aux cliquetis des quelques ustensiles utilisés par son tendre et cher hôte. Le fossoyeur revint ensuite dans le salon et, levant les yeux au ciel, s’adressa de nouveau à Akira. Comme dit, le démon n’eut pas besoin de parler entre temps pour que Saru reprenne bientôt la parole…

Notre homme ne feignanta pas pour cette fois-ci d’afficher sa dentition à son ami en entendant sa remarque, et de même, lui adressa aussitôt :


Je me disais bien que c’était inhabituel chez toi de me refuser quelque chose.

L’avait-il provoqué dans ces paroles? Oui, peut-être, un peu… Enfin, oui en vérité. Il n’avait pas sous-entendu par là que le fossoyeur était à ses pieds bien entendu, Akira n’était pas narcissique et encore moins égocentrique. Il n’avait fait que l’embêter. Qui sait, n’importe quelle femme à la place de Saru aurait encore pu croire que le démon était en train de flirter, mais ça n’en était pas non plus le cas, rassurez-vous. De toute manière, Akira flirter avec quelqu’un était une chose aussi courante qu’une poule avec un chapeau de paille. Les seules fois où il avait pu séduire des femmes avait été des fois où il avait dû agir par simple intérêt, pour les êtres humains avec lesquels il avait des pactes. Parce que parfois la séduction peut être très utile pour obtenir des informations. Cependant notre démon n’avait jamais pris plaisir à faire tomber qui que ce soit dans ses bras et le fait de plaire était le cadet de ses soucis. De toute manière il était immortel, alors se trouver quelqu’un ne lui était d’aucun intérêt. Les êtres humains étaient mortels et jamais un seul d’entre eux ne serait donc capable de le combler assez longtemps dans son immortelle de vie, puisque même cent ans ne représentaient plus grand-chose pour Akira. Quant aux êtres immortels comme les démons, ils ne faisaient que le lasser et il était aussi clair qu’ils n’étaient pas à son goût. Et ne pensez même pas aux faucheuses ou aux anges! Même pas à ce satané Naoki… D’ailleurs ça faisait longtemps qu’il n’avait pas eu vent de lui! Tant mieux.

De toute manière, même si tu avais refusé, est-ce que j’aurais vraiment pu craindre de mourir?

Ce mot, « mourir », était sans doute aussi remarquable de la bouche de Saru que de celle d’Akira. Peut-être un peu plus de celle du fossoyeur en réalité puisque notre démon avait une façon assez lasse de le prononcer. On aurait dit qu’il le méprisait dans sa simple intonation. Et en parlant de mort, cela rappela l’odeur qu’émanait son ami. Il était vrai que celui-ci dégageait un « parfum » qui lui était plus que propre. C’était une odeur assez étrange que la plupart des gens – voire tout le monde sauf Akira justement – n’aimaient pas. Certes il est vrai qu’elle pouvait être désagréable, mais en même temps elle était si particulière qu’elle était presque indéfinissable. Ce n’était ni le formol ni la décomposition de ses clients qu’on pouvait sentir, mais autre chose encore. Peut-être était-ce l’odeur de la mort, justement. Cela aurait pu expliquer pourquoi les humains ne l’aimaient pas, eux qui la craignaient si souvent. Certes, le plus important était que le vieil effluve de Saru ne gênait en aucun point Akira. Il ne le trouvait pas désagréable, ni même agréable. Il y restait simplement indifférent. En tout cas ça lui permettait au moins de facilement reconnaître le fossoyeur lorsque celui-ci n’était pas loin.

Un court silence s’installa dans la pièce. Ce genre d’instants particulièrement « vides » étaient tout à fait communs à Akira, cependant, lorsqu’il y avait en plus de sa présence celle du fossoyeur, ces absences de bruit semblaient chaque fois pesantes. Peut-être était-ce dû au fait qu’il était rare aussi que Saru se taise. Ou bien était-ce simplement dû au fait que le démon n’était généralement pas le même lorsqu’il était accompagné de son cher ami plein de coutures, et que la plupart de ses habitudes semblaient disparaîtrent à ces moments-là. Certes, ce silence ne dura pas si longtemps puisque bientôt, l’hôte de l’invité surprise qu’avait été Akira reprit la parole.

« Ou alors… Vous venez pour obtenir des informations... ». Le démon haussa un sourcil. Bien sûr, Saru devait être en train de lui faire l’une de ses blagues incompréhensibles comme il avait le don d’en faire comme personne d’autre! Devait-il sourire, voire rire, ou bien rester avec son air simple et sympathique sur le visage? Non, il n’avait décidemment pas compris la plaisanterie, mieux valait-il donc y rester de marbre pour le moment et attendre que le fossoyeur reprenne la parole. De toute manière, il était clair qu’il la reprendrait bientôt, le contraire était strictement impossible. Celui-ci déposa sa tasse de thé sur la table basse et Akira ne daigna pas une seule seconde diriger son attention vers cette dernière, fixant Saru avec un air qui aurait presque trahi son incompréhensibilité s’il n’avait pas été assez doué pour cacher son impression sur la situation présente.

L’atmosphère s’était en effet alourdie, mais cela ne mettait pas non plus le démon mal à l’aise. S’efforçant toujours à penser que son hôte se préparait à lui faire une blague, il n’était en réalité que perplexe vis-à-vis de ce qui viendrait bientôt, ou plutôt de ce qu’ajouterait bientôt Saru. Et il n’y manqua pas. Celui-ci ouvrit de nouveau sa bouche. « Mon gâteau préféré est le "Forêt noire" ! ». Bon, il était clairement inutile de parler de logique lorsqu’on faisait référence au fossoyeur. Ce type était décidemment complètement tordu, mais n’était-ce pas aussi de ce fait qu’Akira l’appréciait? Le démon étira brusquement son sourire avec un petit air presque sarcastique sur les lèvres. Il n’avait en aucun cas compris le sens des paroles de son ami, mais cela l’amusait justement pour cette raison.


« Forêt Noire ». J’ai toujours trouvé ce nom bizarre. Pourquoi donner un tel nom à un gâteau?

Bien entendu Akira avait complètement oublié – ou plutôt il avait fait exprès de nier – ce que Saru avait dit un peu plus tôt, à propos du fait qu’il était venu ici pour obtenir des informations. À quoi le fossoyeur était-il donc en train de jouer pour changer brutalement de sujet à deux reprises? N’était-ce pas lui qui tentait de soutirer des informations à Akira avec tous ses sous-entendus, finalement? Cela amusait le démon, lui qui était sûr et certain que bien que le fossoyeur était son ami, il ne réussirait jamais à lui faire dire ou à lui faire faire ce qu’il désirerait.

Je t’avoue avoir une préférence pour les langues de chat.

Ce petit air faussement sarcastique s’amplifia sur le visage du démon en même temps qu’il parlait. Saru venait de lui confier un petit secret, alors Akira lui rendait sa monnaie en lui en confiant à son tour un. Pour autant, pouvait-on vraiment prétendre que ce que l’un ou l’autre avait pu avouer était véritablement un secret? Non, certainement pas. Finalement, le dialogue sans queue ni tête de nos compagnons ne semblait être que le commencement d’un nouveau petit jeu, comme Saru savait si bien les lancer. Akira ne fut qu’un peu plus amusé en imaginant si le fossoyeur s’amusait ainsi avec ses clients comme il le faisait avec lui, et quelles pouvaient être les réactions des pauvres humains qui subissaient l’humour particulier de l’ami des morts.

Sinon est-ce que tu comptes sur moi pour allumer ce fameux feu de cheminée, ou est-ce que tu comptes t’en charger pour te montrer chaleureux envers moi?

Entre le mot « chaleureux » et le mot « chaleur » lié à l’idée de ce feu de cheminée, mais qui faisait finalement référence à la chaleur humaine, Akira venait quelque peu de jouer sur les mots. À croire que cette fois-ci il faisait plutôt un sous-entendu sur sa relation avec Saru – bien que celle-ci restait strictement amicale -, comme un rappel du thème que le fossoyeur cherchait tant à pouvoir aborder avec son invité, c’est-à-dire celui de sa relation avec Masao.
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MessageSujet: Re: My dear friend. [PV Saru]   My dear friend. [PV Saru] EmptyVen 4 Déc - 0:56

Que dire de ses cicatrices ? Saru aurait pu vous citer de nombreuses blagues de mauvais goût, vous montrer des dessins un peu morbides, vous offrir le coffret dvd de « l’Étrange Noël de Monsieur Jack » avec sa jolie consœur couturée Sally, mais c’est là que s’arrêteraient les confidences sur le sujet. Même s’il aimait en plaisanter, le fossoyeur ne considérait ses coutures comme un cadeau du ciel. Au contraire. Elles le dégoûtaient. Pire, elles salissaient son corps, son être jusqu’au plus profond de lui ; elles commentaient le plus honteux des sacrilèges… Depuis le jour qu’il les avait, Saru avait l’impression que les coutures sur son âme avaient été peut-être un peu trop grossières pour réussir à le raccommoder parfaitement. Il avait beaucoup changé… et pas du tout à la fois. Étonnant paradoxe qui était peut-être traduit par les mèches de ses cheveux passant du clair à l’obscur… Du blanc au noir… Du gentil au méchant Saru ?

Mais qu’est-ce donc qu’un méchant ? Un être qui agit à l’encontre de la morale… ou à l’encontre des mœurs publiques ? Ou est-ce tout simplement une personne qui a décidé de ne plus faire attention au regard des autres et à suivre son propre chemin, parfois au détriment des autres ? Alors la méchanceté était-elle de l’égoïsme ? De ce fait, puisque l’amour est égoïste, pouvons-nous considérer que l’amour est de la méchanceté ? Les questions aussi nombreuses que les bulles qui commençaient à apparaître dans l’eau pour le thé, Saru se laissait à ses pérégrinations mentales, bercé par ses pensées dont la logique n’était logique que pour lui-même.

Akira avait l’air surpris de son refus, constata-t-il en jetant un rapide coup d’œil. Mais il n’y avait aucune réaction en plus. Le fossoyeur fut déçu, bien évidemment ! Il avait voulu provoquer quelque chose : un froncement de sourcils, ou un haussement d’épaules, ou même une légère tension de la nuque ! Mais non. Ce foutu démon se contentait de sourire. Arf ! Si le but de la journée d’Akira était de faire sortir Saru de ses gonds, il avait réussi. L’inverse n’était, quant à lui, même pas encore envisageable, malgré toute la bonne volonté de notre cher patchwork et ses si belles phrases alambiquées. Quand il apporta le thé, il fit une nouvelle petite pique. Cependant, cette fois-ci elle avait tout ce qu’on pouvait faire de plus amicale (enfin, dans le petit monde de Saru, c’était le cas).

Devant le sourire de son invité, le fossoyeur sentit le sien naître. Et celui-ci s’agrandit aux paroles de Kira-KIra. C’était totalement vrai. Saru ne refusait rien au démon. Ou plutôt presque rien. Jusqu’ici cependant, il n’avait jamais encore vraiment dit « non » à l’homme-allumette. Ce n’était pas qu’il était prêt à mourir pour le démon et lui lécher les pieds ou sauter d’un pont simplement sur le souhait d’Akira. Non… C’est juste qu’Akira n’avait jamais dépassé les limites du raisonnable ou des capacités de Saru. Il calculait chaque fois avec précision ce qu’il pouvait demander ou pas, de ce fait, le fossoyeur n’avait jamais eu de raisons de refuser, à part pour une de ses blagues ou juste pour embêter Masao qui était impatient de quitter sa boutique. La relation qui l’unissait à Akira ? Difficile à définir. Amicale, cela est certain, même si leur entente était plus profonde qu’on pouvait l’imaginer. Et puis, il y avait ce jeu auquel Saru aimait se livrer, où Akira passait du statut de compagnon de chasse à celui de proie… Une magnifique proie d’ailleurs, esquivant sans difficulté les pièges, attrapes, appâts de notre malchanceux chasseur. Ou de notre plus heureux des chasseurs, puisqu’il n’y a pas plus belle chasse que celle d’une proie difficile à saisir. Par contre, il ne savait pas ce qui arriverait le jour où elle réussirait à traquer et enfin attraper les secrets d’Akira. Peut-être finirait-il par se lasser. Peut-être pas. Il ne préférait pas y penser, et puis vu le défi, il doutait même un jour d’effleurer ne serait-ce qu’une bribe de l’histoire du démon. Étrangement, cela le réjouissait.

Mourir ? Oh ça non ! Son ami n’avait même pas besoin d’y penser. Mourir… Voilà une façon bien morne de le prononcer. Saru avait tendance à oublier la personne avec qui il parlait. À vrai dire, il avait souvent tendance à oublier qu’il parlait avec un être vivant doué de paroles et de sentiments. Cela était peut-être dû au fait que seules de rares personnes discutaient avec lui plus de cinq minutes et que donc son seul défouloir reste son fidèle Sasa. Non pas que Sasa n’avait pas de sentiments ou ne parlait pas (certes, il dialogue à sa manière), mais Saru avait plutôt l’habitude de monologuer, voire de partager ses pensées à voix haute, sans que cela ressemble véritablement à une conversation. C’était la même chose concernant ses pensionnaires. Il ne s’attendait pas à ce que l’un d’eux lui réponde –même s’il l’espérait quand même un peu, son cœur n’y survivrait probablement pas. Donc il parlait seul. Encore une des preuves de la douce folie qui l’habitait. En général, cela ne le dérangeait pas, mais quand il se rendit compte que par ses paroles, il avait peut-être froissé Akira, il s’en voulut un peu. Mais un tout tout tout petit peu seulement, nous parlons tout de même de Saru. Cependant devant l’air indifférent d’Akira, il reprit derechef contenance grâce au thé et attaqua une nouvelle fois.


« C’est à vous de me le dire, Akira-dono » répondit-il en japonais, utilisant le suffixe « dono » avec une certaine malice. « Si vous ne craignez pas de mourir de froid, pourquoi ne pas craindre de mourir d’ennui ? On s’amuse beaucoup plus quand on n’obtient pas ce que l’on veut tout de suite. Ainsi, je vous évite au moins de vous lasser… »

Que cachait ses paroles ? Allez savoir. Saru continuait de suivre sa propre logique, sans se soucier que son interlocuteur le comprenne. Peut-être même voulait-il qu’il ne le comprenne pas, qu’il ne saisisse pas la propre vérité de Saru sur le sujet. Les heures qu’il avait passées à se raconter des blagues à lui-même et à en rire comme un forcené uniquement pour ne pas lâcher prise. Car, quoiqu’on en dise, mourir d’ennui… c’était la pire des morts. C’était la mort de l’esprit, voire de sa conscience. Une mort qui l’avait menacée. Une mort qu’il ne souhaitait à personne. Était-ce la raison de ses blagues foireuses ? Qui sait ? Mystère. Alors, comme à son habitude, Saru ricana inconsciemment, puis redevint sérieux pour enclencher son nouveau plan boiteux.

D’accord. Le démon le vit arriver de loin. Et même de très très loin. Il ne réagit même pas à l’approche, peu discrète avouons-le, de son ami le fossoyeur. Il se contentait de le regarder, avec cet habituel air impassible digne du masque de fer. Le démon était bien trop intelligent pour se laisser avoir par un truc aussi gros qu’un éléphant. Et Saru le savait pertinemment. Mais pour une fois, le but du fossoyeur n’était aucunement de percer les défenses de Kira-Kira. Dans sa tête, des règles à l’image de leur créateur, c’est-à-dire totalement tordues, commençaient à se dessiner, le faisant se réjouir d’avance de l’amusement que le jeu défini par ces règles lui procurerait.

Le sourire malicieux –ou sardonique ?- d’Akira répondit aux attentes de Saru qui continuait de s’étouffer avec son thé. Après avoir évité plusieurs tentatives de suicides accidentels, le fossoyeur avait toujours un pli hilare sur la bouche en voyant le sourire du démon encore agrandi depuis tout à l’heure. Il ne savait pas ce qui plaisait à Akira, mais lui, pour sa part, il s’amusait beaucoup ! C’était sûrement pour ça qu’il aimait tant Akira et Jun. Ils ne se contentaient pas seulement de l’amuser, mais encore ils s’amusaient avec lui. Une blague n’est vraiment drôle que si l’autre rit avec. Longtemps Saru avait essuyé beaucoup de façades sérieuses et tristes qui ne trouvaient pas ses farces désopilantes –incompréhensible, n’est-ce pas ?!- et avait donc appris à se contenter de son propre rire. Quand il découvrit Akira et Jun, il se rendit compte à quel point le rire des autres lui manquait. Pourtant, il ne l’avouerait jamais à personne, de peur de dévoiler une faiblesse à quelqu’un. En cela, il ressemblait peut-être à Akira, bien qu’il doutât que son ami ait une faiblesse.

Saru fronça les sourcils de façon fort comique à la question d’Akira. Il croisa les bras et se lova dans son fauteuil, la mine perplexe. Il sembla réfléchir quelques instants, puis, comme si la foudre divine s’était abattue dans son cerveau, Saru sursauta. L’hôte se pencha vers son invité et tendit son index d’un air très professoral. La mine sérieuse, il déclara sur un ton tout aussi déterminé et grave :


« Mais parce que c’est délicieux, voyons ! »

À défaut d’assister à la descente de l’Esprit Saint, au moins avait-il eu un éclair de… génie ? Pas sûr. Il réussit à garder son sérieux pendant… trois secondes. Déjà il s’esclaffait en cachant sa bouche derrière sa main gantée, tant il se retenait. Saru évitait de regarder Akira de peur de voir l’incompréhension dans ses yeux noirs qui ne le ferait qu’éclater de rire deux fois plus fort. Le démon ne savait pas où il avait mis les pieds, car maintenant, Saru avait commencé à jouer. À voir s’il entrerait dans son jeu… Mais le patchwork faisait confiance à Akira pour être à la hauteur de ses espérances. C’était ce qui était beau avec les démons : il ne décevait jamais nos attentes. Enfin, Masao ne semblait pas toujours de son avis…

Le fossoyeur cacha sa jubilation derrière un simple hochement approbateur de la tête quand le démon partagea ses propres goûts. Si Akira avait eu conscience de ce qu’il venait d’offrir à Saru, il aurait mesuré sa soif d’informations, et qui sait ? Peut-être en aurait-il eu peur. Des langues de chat… Akira aimait les langues de chat ! Rapidement, le cerveau de Saru connecta la nouvelle donnée avec toutes les autres, ajoutant au portrait flou qu’il se faisait d’Akira mentalement. Parfois l’info contribuait à éclaircir un endroit, mais souvent elle ajoutait plus de questions que de réponses. Saru ne négligeait rien, car il savait que ce qui semblait anodin pouvait se révéler plus tard d’une importance capitale. Il la rangea donc mentalement et se reconcentra sur son ami...

… Qui se révélait très sportif. C’était comme si il lançait un défi à Saru. Quand je vous disais que les démons répondaient à tous vos désirs ! Saru, avec son esprit à l’envers, décoda toutes les subtilités des paroles de son invité. Mais, fidèle à ses nouvelles règles du jour, il poursuivit sa stratégie, bien qu’elle soit vouée à l’échec. Il se leva, se dirigea vers la cheminée, tout en disant à voix haute :


« Je n’ai nul besoin d’un feu pour vous réchauffer… »

Il entendait par là, pour éveiller Akira. Quand je dis réveiller, c’est-à-dire pour susciter une réaction, voire ses prunelles briller d’une quelconque émotion, ou même tout simplement pour qu’il s’amuse. Pour ça, Saru suffisait. Évidemment, quelqu’un d’autre aurait entendu ses paroles, il aurait pu penser que la relation qui l’unissait à Kira-Kira était beaucoup plus intime, voire beaucoup trop pour parler de trucs pervers à voix haute. Mais Saru savait qu’Akira comprenait le message. Peut-être pas dans son entièreté, mais au moins en percevrait-il le sens.

Il sortit de sa manche une boîte d’allumettes. Boulot oblige, pour qu’il puisse allumer les bougies et cierges qu’on demandait parfois au cimetière, ou même si quelqu’un lui demandait du feu, tout bêtement. Avec des airs de magicien, il fit apparaître la flamme et brûla un papier journal qu’il déposa dans la cheminée. En quelques instants, et après quelques bûches ajoutées, un magnifique feu siégeait dans l’âtre, réchauffant instantanément la pièce. Il fit une élégante révérence devant Akira, la main posée sur le cœur, singeant avec une parfaite précision le dévoué serviteur devant son maître.


« Et maintenant, vous me devez deux vies, Kira-Kira. » déclara-til avec un clin d’œil amusé.

Il faisait allusion aux deux « morts » desquelles il l’avait « sauvé ». Lorsqu’il se releva, il sentit à sa surprise quelque chose se défaire. C’était une impression étrange, comme si ça avait explosé au niveau du bas de son dos. Inconsciemment il posa sa main sur le lieu concerné. Pris d’un effroyable doute, le genre de sentiment qui vous prenne à l’estomac et décide de ne plus vous lâcher avant que vous ayez vérifié, Saru remonta sa main dans son dos, comme si le geste précédent n’avait été qu’involontaire. La main arrivée derrière sa tête, il prit un air gêné.

« Veuillez m’excuser mon cher ami, mais je dois aller me refaire une beauté. Je vous laisse un instant. »

Clownesque, il se dirigea vers la salle de bains, comme s’il s’agissait d’une de ses nouvelles bonnes blagues, masquant parfaitement l’angoisse qui l’habitait présentement. Il passa la porte, mais se retourna une dernière fois pour ajouter avec un nouveau clin d’œil, cette fois-ci plus charmeur :

« Et ne venez pas regarder, petit coquin. »

La porte se referma derrière lui avec un ricanement, un peu moins « amusé » que d’habitude peut-être. Mais une fois dans la salle de bain, il s’empressa d’ouvrir sa chemise et la laissa tomber à terre sans plus y faire attention. Se retournant, il se focalisa vers le lieu de ses douleurs du moment, reflété dans le miroir. Il ne put retenir un petit cri étranglé devant ce qu’il vit. Il ne rêvait pas : ses coutures s’étaient bien déchirées. Impossible, direz-vous ? Mais qu’est-ce qui est impossible quand on sait qu’il y avait un démon dans la pièce à côté, que parmi les chiens errants dans la rue il y en avait qui se transformaient en humains ou qu’on peut contempler les Artistes de la Mort, armés de leur faux ?! Rien n’était impossible, mais au grand détriment de Saru, il aurait bien voulu que ceci le fut. Les points qui avaient lâché se situaient juste dans le creux, endroit que malgré toute sa souplesse le fossoyeur ne pouvait atteindre. L'ouverture laissait voir une partie de ses muscles que des derniers fils tenaient difficilement ensemble. Vaguement nauséeux, il réfléchit un instant à une solution… et n’en trouva aucune.

Merde ! Il avait fallu que ça arrive en plus quand Kira-Kira était chez lui ! N’en revenant pas de sa malchance, Saru regarda le schéma de ses coutures collé à côté du miroir, se demandant avec un brin d’ironie chez qui, de la couturière ou du docteur, il devrait rendre une visite. Et dire qu’avec tout ce stress, il avait oublié de mettre le verrou sur la porte… Comment dit-on encore ? Journée Portes ouvertes ?
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Akira Guilth
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Akira Guilth


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MessageSujet: Re: My dear friend. [PV Saru]   My dear friend. [PV Saru] EmptySam 6 Fév - 13:29

Le fossoyeur était un homme tout à fait particulier dans son genre. Et encore, pouvait-on prétendre qu’il appartenait à un « genre » tant il semblait différent de tout le monde, les démons, anges, ou encore faucheuses y compris? Tout le monde ignorait d’où pouvait bien provenir cet homme. On disait qu’il venait du Japon, cela était même évident à en entendre son nom, mais en-dehors de cette futile information, que savait-on véritablement de lui? Simplement que c’était un marginal et que tous les londoniens lui confiaient leurs défunts proches. Même Akira ne le connaissait pas véritablement, et il devait en être de même pour Jun qui pourtant était journaliste - et on sait comme les journalistes peuvent être si vite au courant de tout. Saru avait beau être un ami proche d’Akira, il restait finalement comme une sorte d’inconnu pour lui puisqu’il ne connaissait rien de toute son histoire. Or, c’est en connaissant l’histoire d’une personne qu’on apprend à véritablement la connaître. Même ses coutures, Akira n’avait jamais véritablement eu l’occasion de les observer, ou encore d’en apprendre l’origine. Certes, Saru quant à lui connaissait-il vraiment Akira?

La mort, inévitablement, s’immisça dans leur étrange conversation. Après tout, pouvait-on échapper à ce sujet lorsqu’on se trouvait aux pompes funèbres, et mieux encore, chez un fossoyeur-thanatopracteur-employé des pompes funèbres? Par ailleurs, nos deux hommes eux-mêmes avaient connu la mort. L’un l’avait côtoyée de nombreuses fois, l’autre qu’une seule fois, mais cette seule fois tout le monde l’ignorait, même Akira. Pour notre démon, la mort était devenu quelque chose de presque tout à fait banal. Il avait l’habitude de perdre des gens. Il n’avait fait que ça, dans le fond. Il ne se souvenait plus de l’impression qui s’était emparée de lui la première fois tant celle-ci était devenue lointaine à présent, mais il se souvenait que les dernières, bien qu’insignifiantes à l’origine, avaient pu le blesser. Elles l’avaient blessé sans qu’il ne se rende jamais compte car il l’avait toujours totalement nié. Akira était lasse de la mort et il la détestait tout en la désirant. Parce qu’il n’en pouvait plus d’être immortel.

Souvent, lorsqu’Akira se retrouvait seul dans sa chambre après le coucher de Masao, il lui arrivait de s’installer face à sa fenêtre et d’observer la ville à moitié endormie. À ces moments-là, il se mettait à penser aux pires choses qui pouvaient lui traverser l’esprit. Des choses qui, par ailleurs, lui étaient tout à fait impropres en tant que démon. Akira, comme tout bon petit diable, aurait dû être sournois et manquer d’empathie. Cela lui aurait permis de ne pas se rendre compte de ce que pouvait vous infliger « la perte ». Il aurait toujours dû se foutre éperdument de ces hommes et de ces femmes qui signaient des pactes avec lui, qui étaient prêts à vendre leurs âmes aux Enfers pour quelques misérables années de plus. Parce que les êtres humains ne semblaient jamais réussir à assouvir leurs désirs et qu’ils n’en avaient jamais assez. Si seulement ils se rendaient compte que leurs vies avaient tant de valeur parce qu’un jour elles prenaient fin, et que c’était parce que leur temps était compté que des évènements ou des relations pouvaient prendre de l’importance. Trop souvent Akira se mettait à penser à ce que cela donnerait le jour où Masao aurait assouvi sa vengeance et qu’il déciderait de s’en aller pour de bon, ou bien le jour où la dernière heure de son ami Saru sonnerait. Que ferait-il lorsqu’il se retrouverait de nouveau seul? Il se lamenterait secrètement sur son sort sans jamais rien pouvoir changer. Akira serait prêt à donner n’importe quoi pour disparaître un jour, lui aussi. Mais cela semblait tout à fait impossible à son grand désespoir.

Au moment où Akira avait commencé à prononcer le mot « mort » dans sa conversation avec Saru, il avait su s’empêcher de penser à toutes ses idées trop dérangeantes, ne se souciant que de l’instant présent, comme un être humain était si capable de le faire. Ça ne l’avait cependant pas empêché de mépriser ce mot la première fois que celui-ci était sorti de sa bouche. Écoutant les bonnes paroles de son ami, notre homme ne put s’empêcher de sourire. Le fossoyeur avait souvent les mots justes, c’était un point qui plaisait aussi à Akira. Il était vrai qu’à obtenir trop vite les choses, on finissait par trop vite s’ennuyer. D’une voix presque basse, le démon avait glissé :


Il est vrai qu’il est mieux de mourir de froid que de mourir d’ennui lorsqu’on sait qu’on ne peut justement pas mourir… Saru-dono.

Akira venait de s’exprimer en japonais pour la première fois aujourd’hui, renvoyant au patchwork vivant la balle qu’il venait de lui lancer - au sens figuré. C’était un honneur que d’être surnommé « Akira-dono », mais cet honneur semblait bien trop ironique et cela arrangeait notre démon d’une certaine manière. Il n’aurait pas beaucoup apprécié que son ami le nomme ainsi sérieusement, et le fait d’ajouter à son tour ce suffixe honorifique au nom du fossoyeur appuyait le fait que tout ça n’était que plaisanterie. Cela ne faisait partie que de leur petit jeu de cette journée.

Après la mort était venu le thème de la « pâtisserie ». Sujet probablement moins commun aux pompes funèbres pour cette fois-là. Certes, ce thème était plus gai que le précédent. Akira s’empara de sa tasse de thé et la porta à ses lèvres après sa question à propos du « forêt noire », observant son hôte en train de se lover dans son fauteuil, les bras croisés et la mine perplexe. À le voir ainsi, il ressemblait à un enfant auquel on venait de poser une question à propos d’une chose dont il ignorait tout ou presque. Si Akira aurait été une petite adolescente fleur bleue, il aurait très bien pu s’exprimer par un « kawaiiiiii » en contemplant le fossoyeur, mais bien entendu, il était resté silencieux à la place de cela, se contentant de cacher son petit sourire derrière sa tasse.

Notre démon n’avait pas même bougé le petit doigt au moment où Saru s’était mis à sursauter et à le pointer du doigt en lui annonçant qu’on appelait le gâteau « Forêt noire » parce qu’il était tout simplement délicieux. Il aurait été faux de prétendre qu’Akira s’était attendu à ce genre de réponse, et surtout à ce genre de réaction - quoique avec ce petit patchwork très animé, on apprenait à s’attendre à n’importe quoi -, néanmoins il sembla tout à fait indifférent, une fois de plus. Il n’avait fait que sourire tandis qu’il déposait son thé sur la table basse, puis brusquement il avait pris une mine grave, lançant un regard aussi perçant que des lames de cutter en s’adressant cette fois-ci en anglais à son ami.


Alors pourquoi ne pas l’avoir appelé « Bosquet blanc » ?

C’est vrai, pour quelle raison le nom de « Forêt noire » pouvait rendre un gâteau si délicieux? On aurait très bien pu utiliser un synonyme de forêt, ou une autre couleur que cela n’en aurait absolument pas changé le goût. Suite à cette petite provocation, Akira avait souris de nouveau mais son regard quant à lui ne changea pas, rendant son visage plus satanique que jamais. Il aurait presque pu paraître effrayant si ses sourcils n’avaient pas cessé de se froncer avec cet air autoritaire et méchant. Bien sûr, il fallait préciser qu’en aucun cas le démon aurait été capable de fusiller ainsi des yeux son cher ami avec sérieux. Sans doute Akira avait-il aussi lancé ce regard pour la raison qu’il avait bien vu Saru s’esclaffer tout seul derrière sa main. Non pas qu’il lui en voulait pour cela, bien au contraire cela ne l’offusquait absolument pas, mais parce que puisqu’il n’était pas capable de rire autant que son ami, il avait sa façon à lui de montrer son amusement par des réactions ou des paroles qui étaient totalement ironiques. Encore aurait-il fallu qu’à cet instant là Saru ait vraiment remarqué Akira…

Visiblement, la conversation de nos hommes n’avait absolument aucun sens. Après la mort puis les gâteaux, ils en étaient venus au feu de cheminée. Quel serait le prochain sujet? Le client qui attendait patiemment le retour de Saru au rez-de-chaussée, ou bien cette fameuse baie vitrée secrète cachée derrière un rideau? Akira ne manqua pas de sourire pour une énième fois cette après-midi en entendant la réponse de son ami le fossoyeur. Il était bien rare que le démon ait la mine aussi joyeuse d’ordinaire. Visiblement Saru savait aussi bien faire avec lui qu’avec ses morts!


Ceci est une bien bonne nouvelle alors.

Il fallait avouer qu’Akira n’avait en réalité pas totalement compris la réplique de Saru. Certes il en avait imaginé à peu près le sens tout comme il avait parfaitement compris que cette phrase ne contenait absolument aucune signification douteuse. C’était bien là le principal, n’est-ce pas..?

Notre homme observa son hôte qui, tel un magicien, sortit de sa manche une boîte d’allumettes. Il était clair que Saru n’était pas un fossoyeur comme tous les autres… Mais était-ce confortable de transporter ce genre d’objet dans ses manches? Assez vite et avec une grande aisance, le feu fut allumé. Pour Akira, il était très désagréable de porter des vêtements trempés, et maintenant qu’il voyait ces superbes flammes, il ne rêvait plus que de s’installer devant afin de sécher plus vite. Par ailleurs il aurait souhaité demander la permission à Saru pour rapprocher le fauteuil de la cheminée quand, soudain, ce dernier sembla tout à fait surpris après s’être redressé.

Durant un instant, Akira s’était demandé à quel jeu le fossoyeur venait-il de se mettre à jouer, l’observant remonter sa main dans son dos puis jusqu’à l’arrière de sa tête. S’apprêtait-il à imiter Marcel Marceau maintenant? Le démon aurait bien aimé pouvoir se mettre à rire à cet instant-là, mais il s’était brusquement senti inquiet pour son ami en remarquant sa gêne. Quelque chose n’allait pas, cela était certain. Saru n’était pas du genre à prendre un tel air pour s’amuser, ou bien celui-ci ne semblait pas aussi sérieux. Pourtant le fossoyeur sembla reprendre de plus belle sa comédie alors qu’il annonça à Akira qu’il fallait qu’il se refasse une beauté, se glissant jusqu’à sa salle de bain de façon tout à fait burlesque. Mais quelle surprise s’apprêtait-il à faire à notre démon?

Alors que Saru venait de disparaître dans sa salle de bain, Akira en profita pour se lever et pour s’installer face à la cheminée, levant ses mains face aux flammes. Voilà donc une chaleur qu’il trouvait absolument agréable. Ça lui aurait presque rappelé les enfers. Soudainement, le démon se remit à penser au rideau qu’il avait tenté de tirer un peu plus tôt. Maintenant que le fossoyeur n’était plus là, il lui serait possible d’aller voir ce qui pouvait bien se cacher derrière sans être dérangé. D’ordinaire, Akira n’était absolument pas curieux, mais étrangement, cette idée qui venait de lui titiller l’esprit lui sembla plutôt tentante. Notre homme allumette fit un demi-tour sur lui-même et dirigea son attention vers les rideaux qui se trouvaient de l’autre côté. Serait-il convenable de tenter de percer ce mystère? Saru ne méritait pas qu’Akira le trahisse de cette façon, non? Hésitant longuement quant à la réponse à cette question, le démon fut brusquement surpris par un cri qui provenait de la salle de bain…

Akira était persuadé que le fossoyeur s’apprêtait à lui faire l’une de ses si bonnes blagues, et que l’interdiction de pénétrer dans la salle de bain qu’il lui avait donné plus tôt devait faire partie du spectacle à venir. Ainsi, lorsqu’il entendit ce cri, il ne pu que penser que cela était comme un signal pour attirer son attention… Le démon s’approcha de la porte de la petite pièce dans laquelle son ami venait de s’enfermer, et il lui adressa tout haut :


Est-ce qu’il y a un problème?

Sa phrase à peine finie, Akira avait frappé à la porte, mais à sa grande surprise, celle-ci s’ouvrit par elle-même. Elle avait probablement dû être mal fermée, et qui sait, exprès. Alors que notre homme s’imaginer que cela faisait encore partie de la blague, il manqua de sursauter à l’instant même où il surprit son ami qui observait dans son miroir son dos sur lequel une grande cicatrice s’était décousue. Jamais Akira n’avait pu voir une telle chose de toute sa vie, et pourtant, entre les démons, les anges et les faucheuses, il avait connu beaucoup de faits étranges, mais pas aussi surprenants que celui auquel il assistait.

Mais qu’est-ce que…

Akira était un démon, et pourtant il s’était senti presque écoeuré face à ce muscle nu. S’il aurait été humain, il se serait certainement évanoui ou se serait mis à vomir. Encore heureux que son dégoût n’avait été que trop peu manifeste et que sa brusque faiblesse avait su se faire discrète. Fermant sa bouche qui était restée entrouverte à cause de sa surprise, Akira tenta de se reprendre.

Est-ce que tu as besoin d’aide?

La voix du démon s’était faite quasiment timide, et bien qu’il essayait de se montrer le plus à l’aise possible, il était clair qu’il était gêné d’avoir surpris Saru de cette façon. Cependant, il restait surprenant qu’Akira ne se soit pas mis à poser un tas de question au fossoyeur à propos de toutes ces cicatrices sur son corps, et plus particulièrement à propos de celle qui venait de s’ouvrir. Il s’était simplement contenté de lui proposer son aide, comme il l’aurait fait dans une situation tout à fait banale.
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